Notes et extraits tirés de :
La Protohistoire de Bretagne et d’Armorique
Jacques Briard 1991
Editions J-Paul Gisserot
La civilisation armoricaine des tumulus du Bronze ancien au Bronze moyen (2000-1100 avant J.C.)
1) Les Petits princes de l'Armorique
Jacques Briard évoque « la description d'une tombe classique
à parois en pierre sèche recouverte d'une dalle, avec le bois pourri du plancher et du cercueil, les poignards en bronze corrodés accompagnés de pointes de flèche en silex ».
Une autre description d'un tumulus
fut celle de 1843 , Lothéa, dans la forêt de Carnoët à Quimperlé : « L'ingénieur Boutarel recueillit un bel ensemble de poignards et d'épées en cuivre et en bronze, des colliers et anneaux
d'or et d'argent, une hache, une halène et des pointes de flèches en silex. C'était un mobilier typique relativement somptueux de ces « petits princes d'Armorique » qui, vers 2000 à 1800 ans avant J.C., régnaient
sur la Bretagne ».
« Ces grands tumulus sont peu nombreux et répartis par petits groupes en Bretagne occidentale et surtout au long des côtes, la pénétration vers l'intérieur étant sporadique ».
On observe en effet sur la première carte de la figure 4 (civilisation armoricaine des tumulus), représentant la répartition des sépultures à pointe de flèche, une quinzaine de sites autour des côtes nord
de la Bretagne, onze sites à la pointe sud de la Bretagne, 3 sites sur la côte sud et 6 sites plus à l'intérieur des terres.
« La rupture avec le monde néolithique est très nette : sépultures
individuelles, absence de poterie funéraire, prédominance des armes dans les tombes, utilisation des structures en bois, cercueils ou caveaux en rondins, abondance de l'ambre et présence d'objets de prestige en or et en argent »
Sous l'influence de la tradition mégalithique on construira aussi des caveaux en pierre et parfois on réutilisera des éléments néolithiques indiscutables.
A « Kersandy, Plouhinec, Finistère, la
dalle de couverture de la tombe n'est autre qu'une ancienne dalle statue de déesse mère en simple réemploi ». « C'est un témoin précieux des changements religieux, les évocations des déesses
mères semblent abandonnées devant les cultes nouveaux du soleil, du cheval et du guerrier ».
L'origine de la civilisation des tumulus est complexe, l'élément campaniforme local y a joué un rôle non
négligeable, mais des apports étrangers sont indiscutables, venus de l'Europe du nord.
« La tradition de relations avec le nord avait déjà été préparée par les populations néolithiques
(bouteille à collerette) et les quelques haches de combat en cuivre comme celle de Trévé. http://musee-archeologienationale.fr/phototheque/oeuvres/hache-emmanchee_cuivre-metal
« Cependant les échanges s'accentuent au Bronze ancien ».
Le plus remarquable est celui concernant l'ambre et certaines techniques métallurgiques (Parenté des épées en cuivre de Carnoët
à Quimperlé avec celles de Gau-Bickelheim en Allemagne du Nord).
« La richesse de l'Armorique est contemporaine de celle de la civilisation du Wessex au sud de l'Angleterre » avec « en commun des tombes
princières, des armes en bronze similaires à manche en bois décoré de petits clous en or et la présence d'objets précieux en or , ambre et argent, « symbols of power » de ces potentats du Bronze
ancien ».
« La raison de cette prospérité relative est due au rôle primordial joué par la Manche, véritable « Méditerranée du Nord ».
« C'est
là que les navires échangent l'ambre du Nord, l'or de l'Irlande, le cuivre et l'étain des îles Britanniques, l'étain de Bretagne, sans compter probablement nombre de produits en matière organique disparus ».
« C'est aussi en ces régions qu'arrivent les échanges avec les méditerranéens en quête de l'étain des îles Cassitérides ».
« Wessex et Armorique témoignent
d'échanges lointains révélés en particulier par les petites perles en pâte de verre originaires de Mycènes ou d'Egypte ».
« L'Armorique se tourne aussi vers la péninsule ibérique :
les grandes épées de Carnoët sont très proches de certaines lames en cuivre connues en Espagne à Cuevallusa et Vallavindas ».
Ces « solidarités atlantiques » suivant le terme de
A.Coffyn se perpétueront jusqu'au Bronze final.
Parmi les tombes du Bronze ancien les plus plus spectaculaires, il faut citer dans les Côtes d'armor le tumulus de Tanwedou à Bourbriac et le bel ensemble de la Motta à Lannion.
Poignards et haches en alliage cuivreux, brassard d'archer en tôle d'or, aiguisoir en schiste et pointes de flèches armoricaines en silex du tumulus de l'âge du Bronze ancien de La Motta (Lannion, Côtes-d'Armor). Mobilier exposé
au Musée d'Archéologie Nationale de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Tumulus_armoricains#/media/File:La_Motta.jpg
« Indépendamment des poignards, des épées et des pointes de flèche en silex, l'on y recueillit un pendentif ou brassard d'archer en « plaqué or », une feuille précieuse décorée
de motifs géométriques moulant comme une boîte une armature interne d'un savant mélange de sable et résine ».
Dans le Finistère un groupe des tumulus présents témoigne de la proximité
des grands gisements d'étain du Léon qui furent probablement exploités dès cette époque. L'implantation morbihannaise est plus diffuse.
L'Ille-et-Vilaine et la Loire-Atlantique ne connaissent que quelques poignards
isolés ou tombes mal connues.
« La société du Bronze ancien est très hiérarchisée. Le groupement de tumulus semblent correspondre à des « territoires » sous la domination
de ces petits chefs contrôlant les nouvelles richesses. A côté de ces tumulus l'on connaît des tombes pauvres où la matériel funéraire se limite à quelques tessons ».
« Leur
datation confirme qu'ils sont contemporains des ensembles riches ».
« L'une des caractéristiques de cette société est la présence d'objets de luxe » : Vases en argent (St Fiacre, St Adrien),
variantes en or (gobelet de Plumiliau associé à une cuiller en or).
D'autres vases précieux de cette époque (Grande Bretagne, Allemagne, Suisse) sont des symboles de puissance et ces symboles se retrouvent au sein d'objets
trouvés hors des tombes.
« Les lunules sont parmi les plus spectaculaires, sortes de diadèmes ou gorgerins formés d'une seule feuille d'or martelée en forme de croissant ».
« L'origine
est irlandaise, mais la mode atteint le continent par le relais de la Grande-Bretagne ».
Elles sont connues en Normandie et en Bretagne (St Potan, Bourbriac)
« Ces bijoux furent d'abord considérés comme de
simples importations d'Irlande. Les analyses stylistiques et métallurgiques modernes montrent qu'elles furent très rapidement fabriquées et imitées sur place ».
Photo extraite de http://www.orpaillage.fr/histoire/prehistoire.html
Un autre objet de prestige est la Hallebarde, ce poignard-hache dont les lames sont caractérisées par un renforcement médian et des traces d'emmanchement en oblique.
« Leur nature exceptionnelle est affirmée
par leur présence dans les gravures des grands sanctuaires religieux alpins de la vallée des Merveilles à Tende près de Nice ou du Val Camonica en Italie ».
Ces belles lames en cuivre, analogues aux fameux « sabres
d'honneur » historiques, sont souvent trouvées isolées.
« Des exemples proviennent de Glomel, Lanfains, Côtes d'Armor, Plouguin, Finistère, ou Nantes et Paimboeuf, Loire-Atlantique.
Photo extraite
de http://artefacts.mom.fr/fr/result.php?id=HLB-1001
Ces lames sont en cuivre arsénié en plein Bronze ancien, à une époque où les autres armes étaient
déjà le plus souvent en bronze à l'étain.
Les princes et les autres
Les grands tumulus à pointe de flèche sont les sépultures de l'aristocratie dirigeante du Bronze ancien. (voir carte page suivante)
Ils ont pu être datés par le radiocarbone des environs de 2000 à 1500 ans avant J.C. « Ces monuments témoignent de l'organisation nouvelle de la société »
« Les squelettes
conservés montrent des sépultures masculines ce qui est normal au regard du dépôt d'armes dans ces tombes ».
On connaît quelques inhumations féminines et elles semblent souvent associées, comme
en Grande Bretagne, au dépôt de perles en pâte de verre « égyptiennes ». […]
« Certains groupes humains échappent au fait « Tumulus ».
« De
petites communautés isolées perpétuent la tradition de cimetière à petites tombes en coffre ».
« Au bord de la mer plusieurs groupes de ce type ont été reconnus. Ces pêcheurs
et ces ramasseurs de coquillages déposaient leurs morts dans ces cimetières marins avec un pauvre mobilier comprenant des poteries allant du Néolithique à l'âge du Bronze en passant par les campaniformes ». […]
« Quelques communautés paysannes de l'intérieur ont aussi adopté la mode des cimetières à coffres, en particulier dans les régions au sous-sol schisteux permettant l'obtention de belles dalles propres
à construire des coffres à six dalles ».
« Ces tombes pauvres correspondent sans doute à des populations paysannes pratiquement chichement l'agriculture et l'élevage. »
La Haute Bretagne
est délaissée par les petits princes d'Armorique.
http://www.persee.fr/doc/bspf_0249-7638_1997_num_94_2_10871#
Bulletin de la Société préhistorique
française 1997 Vol 94 N°2 page. 266
On y rencontre seulement une tombe à mobilier de Bronze (La Motte, Ploubalay, Côtes d'Armor) et une lame de poignard typique des tumulus (Bain/Oust Ille-et-Vilaine)
Cependant
certains vieux monuments mégalithiques ont été bouleversés
« Aux alignements du Moulin à St Just, Ille-et-Vilaine, on aménage des sépultures en construisant des coffres à partir de menhirs
préexistants et en déposant de grandes urnes funéraires.
Au Château-Bu, un dolmen en croix de Lorraine a été réutilisé pour la construction de deux tombes de l'âge du Bronze avec vase à
cinq anses datable de 1500 ans avant J.C. »
Autres exemples en Forêt de Brocéliande avec quelques tombes à coffres, et à Campénéac au Morbihan avec le tombeau des Géants dont les parois longitudinales
et la couverture sont constitués de gros blocs de schiste, probablement des menhirs d'un alignement néolithique.
Ces bouleversements témoignent encore des mutations religieuses et funéraires au début de l'âge
du Bronze.
Quelques tombes à poteries sont connues contemporaines des premiers tumulus à pointe de flèche entre 2000 et 1600 ans avant J.C.
Mais bientôt la splendeur première des tumulus va s'estomper, correspondant
aux changements brutaux, guerres ou cataclysmes naturels qui affectent la Méditerranée. Les lointains échanges sont taris. Les tombes deviennent plus pauvres, plus communautaires.
Souvent un caveau est creusé dans le sol
maçonné de pierres sèches, et recouvert d'une dalle puis d'un petit tumulus. A l'intérieur, l'on dépose le mort accompagné de rares armes, le plus souvent d'un petit poignard.
Ce faciès qui commence au
Bronze ancien va se prolonger jusqu'au Bronze moyen, vers 1200 avant J.C.
Notes et extraits tirés de
La Protohistoire de Bretagne et d’Armorique
Jacques Briard 1991 Editions J-Paul Gisserot
Les reliques
de Lothéa (Quimperlé, Finistère) : une tombe aux connexions atlantiques entre Campaniforme et âge du Bronze ancien
Clément Nicolas Yvan Pailler Pierre Stephan Henri Gandois
Gallia préhistoire Année
2013 Volume 55 Numéro page 200
http://www.persee.fr/doc/galip_0016-4127_2013_num_55_1_2501
Notes et extraits tirés de
:
La Protohistoire de Bretagne et d’Armorique
Jacques Briard 1991 Editions J-Paul Gisserot
La
civilisation armoricaine des tumulus du Bronze ancien au Bronze moyen (2000-1100 avant J.C.)
1) Les Petits princes de l'Armorique
Jacques Briard évoque « la description d'une tombe classique à parois en pierre sèche
recouverte d'une dalle, avec le bois pourri du plancher et du cercueil, les poignards en bronze corrodés accompagnés de pointes de flèche en silex ».
Une autre description d'un tumulus fut celle de 1843 , Lothéa,
dans la forêt de Carnoët à Quimperlé : « L'ingénieur Boutarel recueillit un bel ensemble de poignards et d'épées en cuivre et en bronze, des colliers et anneaux d'or et d'argent, une hache, une
halène et des pointes de flèches en silex. C'était un mobilier typique relativement somptueux de ces « petits princes d'Armorique » qui, vers 2000 à 1800 ans avant J.C., régnaient sur la Bretagne ».
« Ces grands tumulus sont peu nombreux et répartis par petits groupes en Bretagne occidentale et surtout au long des côtes, la pénétration vers l'intérieur étant sporadique ».
On observe
en effet sur la première carte de la figure 4 (civilisation armoricaine des tumulus), représentant la répartition des sépultures à pointe de flèche, une quinzaine de sites autour des côtes nord de la Bretagne,
onze sites à la pointe sud de la Bretagne, 3 sites sur la côte sud et 6 sites plus à l'intérieur des terres.
« La rupture avec le monde néolithique est très nette : sépultures individuelles,
absence de poterie funéraire, prédominance des armes dans les tombes, utilisation des structures en bois, cercueils ou caveaux en rondins, abondance de l'ambre et présence d'objets de prestige en or et en argent »
Sous
l'influence de la tradition mégalithique on construira aussi des caveaux en pierre et parfois on réutilisera des éléments néolithiques indiscutables.
A « Kersandy, Plouhinec, Finistère, la dalle de
couverture de la tombe n'est autre qu'une ancienne dalle statue de déesse mère en simple réemploi ». « C'est un témoin précieux des changements religieux, les évocations des déesses mères
semblent abandonnées devant les cultes nouveaux du soleil, du cheval et du guerrier ».
L'origine de la civilisation des tumulus est complexe, l'élément campaniforme local y a joué un rôle non négligeable,
mais des apports étrangers sont indiscutables, venus de l'Europe du nord.
« La tradition de relations avec le nord avait déjà été préparée par les populations néolithiques (bouteille
à collerette) et les quelques haches de combat en cuivre comme celle de Trévé. http://musee-archeologienationale.fr/phototheque/oeuvres/hache-emmanchee_cuivre-metal
« Cependant les échanges s'accentuent au Bronze ancien ».
Le plus remarquable est celui concernant l'ambre et certaines techniques métallurgiques (Parenté des épées en cuivre de Carnoët
à Quimperlé avec celles de Gau-Bickelheim en Allemagne du Nord).
« La richesse de l'Armorique est contemporaine de celle de la civilisation du Wessex au sud de l'Angleterre » avec « en commun des tombes
princières, des armes en bronze similaires à manche en bois décoré de petits clous en or et la présence d'objets précieux en or , ambre et argent, « symbols of power » de ces potentats du Bronze
ancien ».
« La raison de cette prospérité relative est due au rôle primordial joué par la Manche, véritable « Méditerranée du Nord ».
« C'est
là que les navires échangent l'ambre du Nord, l'or de l'Irlande, le cuivre et l'étain des îles Britanniques, l'étain de Bretagne, sans compter probablement nombre de produits en matière organique disparus ».
« C'est aussi en ces régions qu'arrivent les échanges avec les méditerranéens en quête de l'étain des îles Cassitérides ».
« Wessex et Armorique témoignent
d'échanges lointains révélés en particulier par les petites perles en pâte de verre originaires de Mycènes ou d'Egypte ».
« L'Armorique se tourne aussi vers la péninsule ibérique :
les grandes épées de Carnoët sont très proches de certaines lames en cuivre connues en Espagne à Cuevallusa et Vallavindas ».
Ces « solidarités atlantiques » suivant le terme de
A.Coffyn se perpétueront jusqu'au Bronze final.
Parmi les tombes du Bronze ancien les plus plus spectaculaires, il faut citer dans les Côtes d'armor le tumulus de Tanwedou à Bourbriac et le bel ensemble de la Motta à Lannion.
Poignards et haches en alliage cuivreux, brassard d'archer en tôle d'or, aiguisoir en schiste et pointes de flèches armoricaines en silex du tumulus de l'âge du Bronze ancien de La Motta (Lannion, Côtes-d'Armor). Mobilier exposé
au Musée d'Archéologie Nationale de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Tumulus_armoricains#/media/File:La_Motta.jpg
« Indépendamment des poignards, des épées et des pointes de flèche en silex, l'on y recueillit un pendentif ou brassard d'archer en « plaqué or », une feuille précieuse décorée
de motifs géométriques moulant comme une boîte une armature interne d'un savant mélange de sable et résine ».
Dans le Finistère un groupe des tumulus présents témoigne de la proximité
des grands gisements d'étain du Léon qui furent probablement exploités dès cette époque. L'implantation morbihannaise est plus diffuse.
L'Ille-et-Vilaine et la Loire-Atlantique ne connaissent que quelques poignards
isolés ou tombes mal connues.
« La société du Bronze ancien est très hiérarchisée. Le groupement de tumulus semblent correspondre à des « territoires » sous la domination
de ces petits chefs contrôlant les nouvelles richesses. A côté de ces tumulus l'on connaît des tombes pauvres où la matériel funéraire se limite à quelques tessons ».
« Leur
datation confirme qu'ils sont contemporains des ensembles riches ».
« L'une des caractéristiques de cette société est la présence d'objets de luxe » : Vases en argent (St Fiacre, St Adrien),
variantes en or (gobelet de Plumiliau associé à une cuiller en or).
D'autres vases précieux de cette époque (Grande Bretagne, Allemagne, Suisse) sont des symboles de puissance et ces symboles se retrouvent au sein d'objets
trouvés hors des tombes.
« Les lunules sont parmi les plus spectaculaires, sortes de diadèmes ou gorgerins formés d'une seule feuille d'or martelée en forme de croissant ».
« L'origine
est irlandaise, mais la mode atteint le continent par le relais de la Grande-Bretagne ».
Elles sont connues en Normandie et en Bretagne (St Potan, Bourbriac)
« Ces bijoux furent d'abord considérés comme de
simples importations d'Irlande. Les analyses stylistiques et métallurgiques modernes montrent qu'elles furent très rapidement fabriquées et imitées sur place ».
Photo extraite de http://www.orpaillage.fr/histoire/prehistoire.html
Un autre objet de prestige est la Hallebarde, ce poignard-hache dont les lames sont caractérisées par un renforcement médian et des traces d'emmanchement en oblique.
« Leur nature exceptionnelle est affirmée
par leur présence dans les gravures des grands sanctuaires religieux alpins de la vallée des Merveilles à Tende près de Nice ou du Val Camonica en Italie ».
Ces belles lames en cuivre, analogues aux fameux « sabres
d'honneur » historiques, sont souvent trouvées isolées.
« Des exemples proviennent de Glomel, Lanfains, Côtes d'Armor, Plouguin, Finistère, ou Nantes et Paimboeuf, Loire-Atlantique.
Photo extraite
de http://artefacts.mom.fr/fr/result.php?id=HLB-1001
Ces lames sont en cuivre arsénié en plein Bronze ancien, à une époque où les autres armes étaient
déjà le plus souvent en bronze à l'étain.
Les princes et les autres
Les grands tumulus à pointe de flèche sont les sépultures de l'aristocratie dirigeante du Bronze ancien. (voir carte page suivante)
Ils ont pu être datés par le radiocarbone des environs de 2000 à 1500 ans avant J.C. « Ces monuments témoignent de l'organisation nouvelle de la société »
« Les squelettes
conservés montrent des sépultures masculines ce qui est normal au regard du dépôt d'armes dans ces tombes ».
On connaît quelques inhumations féminines et elles semblent souvent associées, comme
en Grande Bretagne, au dépôt de perles en pâte de verre « égyptiennes ». […]
« Certains groupes humains échappent au fait « Tumulus ».
« De
petites communautés isolées perpétuent la tradition de cimetière à petites tombes en coffre ».
« Au bord de la mer plusieurs groupes de ce type ont été reconnus. Ces pêcheurs
et ces ramasseurs de coquillages déposaient leurs morts dans ces cimetières marins avec un pauvre mobilier comprenant des poteries allant du Néolithique à l'âge du Bronze en passant par les campaniformes ». […]
« Quelques communautés paysannes de l'intérieur ont aussi adopté la mode des cimetières à coffres, en particulier dans les régions au sous-sol schisteux permettant l'obtention de belles dalles propres
à construire des coffres à six dalles ».
« Ces tombes pauvres correspondent sans doute à des populations paysannes pratiquement chichement l'agriculture et l'élevage. »
La Haute Bretagne
est délaissée par les petits princes d'Armorique.
http://www.persee.fr/doc/bspf_0249-7638_1997_num_94_2_10871#
Bulletin de la Société préhistorique
française 1997 Vol 94 N°2 page. 266
On y rencontre seulement une tombe à mobilier de Bronze (La Motte, Ploubalay, Côtes d'Armor) et une lame de poignard typique des tumulus (Bain/Oust Ille-et-Vilaine)
Cependant
certains vieux monuments mégalithiques ont été bouleversés
« Aux alignements du Moulin à St Just, Ille-et-Vilaine, on aménage des sépultures en construisant des coffres à partir de menhirs
préexistants et en déposant de grandes urnes funéraires.
Au Château-Bu, un dolmen en croix de Lorraine a été réutilisé pour la construction de deux tombes de l'âge du Bronze avec vase à
cinq anses datable de 1500 ans avant J.C. »
Autres exemples en Forêt de Brocéliande avec quelques tombes à coffres, et à Campénéac au Morbihan avec le tombeau des Géants dont les parois longitudinales
et la couverture sont constitués de gros blocs de schiste, probablement des menhirs d'un alignement néolithique.
Ces bouleversements témoignent encore des mutations religieuses et funéraires au début de l'âge
du Bronze.
Quelques tombes à poteries sont connues contemporaines des premiers tumulus à pointe de flèche entre 2000 et 1600 ans avant J.C.
Mais bientôt la splendeur première des tumulus va s'estomper, correspondant
aux changements brutaux, guerres ou cataclysmes naturels qui affectent la Méditerranée. Les lointains échanges sont taris. Les tombes deviennent plus pauvres, plus communautaires.
Souvent un caveau est creusé dans le sol
maçonné de pierres sèches, et recouvert d'une dalle puis d'un petit tumulus. A l'intérieur, l'on dépose le mort accompagné de rares armes, le plus souvent d'un petit poignard.
Ce faciès qui commence au
Bronze ancien va se prolonger jusqu'au Bronze moyen, vers 1200 avant J.C.
Notes et extraits tirés de
La Protohistoire de Bretagne et d’Armorique
Jacques Briard 1991 Editions J-Paul Gisserot