Quelques propositions de gestion pour améliorer la biodiversité
Créer ou maintenir des haies tristrates et composites
La structure de la haie est très importante pour de nombreuses espèces et en particulier les oiseaux. Le peuplement avien va se complexifier en fonction de la hauteur de la haie et du nombre de strate. Il est donc intéressant d’avoir
une haie tristrate avec une strate herbacée, une strate arbustive et une strate arborescente car il y aura plus d’oiseaux.
Pour les passereaux ce qui est important
c’est d’avoir une strate arbustive dense (aubépine, prunellier, ronce, lierre, noisetier…) qui vienne bien recouvrir jusqu’au sol, avec des espèces à baies qui sont importantes en terme de ressource alimentaire.
La bourdaine, le cornouiller sanguin, le fusain d’Europe, le nerprun purgatif, la ronce, le lierre, le sureau noir… offrent une nourriture recherchée par la faune.
Le chèvrefeuille des bois est apprécié des herbivores et tout particulièrement du chevreuil qui lui a valu son nom.
Il est intéressant d’avoir des arbres au feuillage persistant ou semi-persistant l’hiver comme le charme, le troène ou le houx créant un bon couvert pour abriter la faune.
Chez les grives, on va retrouver des nids à partir d’1 m 40 de haut et 1 m de large, pas en-dessous. Maintenir des haies assez larges est donc bénéfique
pour la faune bien que la réglementation européenne ne le favorise pas (haies < 4 m pour l’intégration dans les surfaces primées).
Les
essences mellifères qui attireront les insectes pollinisateurs sont également à favoriser : saules, aubépines, tilleuls, prunelliers… Il est toutefois recommandé de ne pas planter d’aubépine à moins
de 500 m des vergers car celle-ci abrite la bactérie du feu bactérien.
Planter des essences locales, variées, entre 15 et 20 espèces différentes,
pas davantage car sinon cela favorise les insectes phytophages plutôt que les auxiliaires. Le chêne pédonculé peut héberger jusqu’à 284 espèces d’insectes différents, l’aubépine
149 et le frêne 41.
Planter des arbres fruitiers dans les haies, pour l’autoconsommation ou en complément sur les marchés…
Créer ou maintenir des connexions entre haies et entre haies et bosquets
Une haie isolée aura un faible impact sur la biodiversité. L’intérêt du bocage pour la faune et la flore est d’autant plus grand que les haies sont connectées entre elles
facilitant les déplacements et les rencontres entre individus (brassage génétique).
La haie joue alors le rôle de corridor biologique pour ces
animaux.
Dans un maillage bocager, 70 % des oiseaux vont se cantonner à l’intersection des haies, l’ambiance forestière étant plus forte
à cet endroit. Le troglodyte et le rouge-gorge vont par exemple être mieux représentés dans ces zones. Il est également intéressant que les haies puissent être connectées à des bois toujours pour
permettre aux espèces de se déplacer sans quitter le milieu.
Quelques trouées dans la haie peuvent toutefois se révéler intéressantes
pour les reptiles (les lézards sont de gros consommateurs d’insectes et de limaces) ou certaines espèces de papillons.
La notion de corridor biologique
dépend en effet de chaque espèce et les haies sont parfois des obstacles infranchissables pour les papillons qui ne peuvent voler très haut. La taille des parcelles a aussi son importance. On parle de maillage serré quand les parcelles
ont une surface ≤ 1 ha, et où les effets du bocage se font le plus ressentir. Au-delà de 4-5 ha de surface pour une parcelle, il n’y a pas de gain de temps pour l’agriculteur ce qui signifie qu’il n’y a pas d’intérêt
à avoir des champs au maillage encore plus lâche.
La densité d’oiseaux sera maximale avec une densité de haies de 100 m / ha.
Entretenir les haies avec des techniques et matériels appropriés
Le désherbage chimique doit être exclut à proximité des haies voire sur la culture si l’on veut préserver les équilibres naturels et la faune auxiliaire.
Les arbres âgés doivent être renouvelés pour que la haie soit pérenne mais en maintenir quelques-uns est indispensable à certains animaux.
Conserver 1 à 2 arbres morts pour 100 m de haies leur sera favorable.
La formation d’arbres têtards est une pratique à réapprendre car
les arbres ainsi formés forment des cavités qui sont recherchées par les insectes, les oiseaux et notamment les rapaces nocturnes. La Chouette chevêche, dont on comptait 50 000 couples en France en 1980 et 25 000 dix ans plus tard,
recherche les arbres creux pour sa nidification.
Des insectes comme le Pique-prune ne peuvent survivre s’ils ne disposent pas d’arbres à grandes cavités
où ils trouveront un terreau indispensable à leur développement larvaire.
La tronçonneuse semble l’outil le plus approprié pour
entretenir la haie car elle permet de former certains arbres selon des techniques particulières (émondage, arbres têtards…), la coupe est nette ce qui évite aussi les problèmes sanitaires.
Le lamier a tendance à homogénéiser la haie et à en faire un rideau d’arbres, certes intéressant pour son effet brise-vent, mais pas autant pour la biodiversité.
L’épareuse est à exclure car la végétation est complètement broyée, cela entraîne la formation de haies carrées inintéressantes
en terme de biodiversité, la ronce est favorisée (plante recherchant la lumière) et l’avenir de la haie est compromis.
L’entretien doit
être limité en périodicité et ne doit pas se réaliser pendant les périodes de reproduction soit le printemps et l’été.
Créer ou maintenir certains éléments associés aux haies
Avoir des
haies sur talus, des haies attenantes à un fossé, maintenir une bande enherbée de 3 m de large le long de la haie, conserver les murets de pierre… sont autant d’éléments qui créent des conditions écologiques
différentes permettant une diversité d’habitats et par là même une diversité d’espèces, le tout concentré en quelques mètres.
La présence d’un fossé attirera par exemple des batraciens, la bergeronnette des ruisseaux…
Il est possible de réaliser
sur son exploitation un plan de gestion des haies, qui permet de faire un diagnostic de toutes les haies existantes, de définir notamment le rôle de chacune pour la biodiversité, et de planifier ensuite, sur une durée définie
(généralement 5 ans), les interventions à réaliser (plantation, entretien, restauration, exploitation).
Il s’accompagne d’une carte,
qui permet à la fois de faire un état des lieux de la situation actuelle et d’aider à la programmation des interventions futures.
En savoir +
POINTEREAU et al., (2002), Arbres et biodiversité : rôle des arbres champêtres, Solagro, FAL, Der Landschafts Fonds, Editions Solagro, 30 p.
RAD-CIVAM (avril 2003), Pour un développement durable en agriculture. Gérer et haies et bocage avec les plans de gestion des haies, (Cahiers techniques de l’agriculture
durable), RAD, 36 p.
LIAGRE F. (2006), Les haies rurales, Editions France Agricole, 320 p.