Landes : Richesse des pauvres gens. (1) (2) (3)
Dans les campagnes, même les plus déshérités jouissaient, par droit ancestral, de l'usage des pâtures communales et pouvaient entretenir
quelques têtes de bétail. Aux moutons, on abandonnait les vastes landes, les brandes et les terres temporairement incultes. (1)
A la veille de la Révolution, près de 90% de la population est appliquée
à la culture et à l'élevage.
Seulement ¼ des terres est cultivé. Les landes très nombreuses permettent l'élevage de chèvres et de moutons.
Dans le pays de Châteaubriant,
les landes étaient la richesse des pauvres gens qui y faisaient paître de nombreux troupeaux, des brebis d'une espèce particulière.
Sur les landes sont présents des élevages de chèvres et de petits moutons
noirs très sobres.
http://www.races-de-bretagne.fr/decouvrez-les-races/mouton-des-landes-de-bretagne/
Ces moutons, presque noirs, d'une chétive
apparence, étaient l'objet d'un commerce considérable. (2)
Moutons et industrie de la Laine en Pays de Châteaubriant.
Une triple industrie en est née : - Moulins à foulons - Les serges
- Les peigneurs de laine.
Développement des métiers de la laine. L'élevage des moutons amènera une autre industrie, la mégisserie, puis la tannerie.
L'industrie de ceux qui travaillaient la laine était
la plus considérable. Tout le monde peignait.
Les corporations se plaçaient sous la bannière du saint-patron. Les peigneurs de laine sous la protection de St Blaise. (3) (2)
La lande : Une réponse à
un obstacle insurmonté! (4)
Les landes des campagnes du Pays Nantais au nord de la Loire sont particulièrement étendues au XVIIe siècle.
Le fait que les défrichements massifs n'aient été
opérés qu'au XIXe siècle, confirmerait l'hypothèse d'un obstacle technique.
Il a fallu résoudre un énorme problème d'engrais et surtout d'amendements.
L'utilisation de la lande comme
pacage est essentielle pour la vie quotidienne des familles paysannes.
La lande serait ainsi la réponse la mieux adaptée à l'impossibilité de mettre en culture avec profit des terres trop acides.
Mais lande ne signifie
pas terre inutile : pacage, matériaux, litière (bruyères) représentent un apport non négligeable pour les familles paysannes. (4)
Evolution des Landes au XIXe siècle en Loire-Inférieure.
(5)
En moins de 80 ans, plus de 140 000 ha de terres infertiles ont été mises en culture dans la Loire-Inférieure, sur un territoire total de 687 457 Ha (soit plus de 20% de la superficie du département.
Les terres labourables s'étendaient sur 260 000 ha en 1803, 301 600 ha en 1840 et 400 272 ha en 1882.
La proportion des Landes mises en valeur dépasse même les 40% pour des communes comme Marsac/Don, Jans et Conquereuil (Elle
est de 28,6% pour l'ensemble du canton de Nozay).
L'accroissement des terres labourables a été rapide, surtout dans la dernière période.
En 1789, 132 000 ha de terres incultes étaient présents
dans la Loire-Inférieure.
Cela représentait près de 1/5 du total du territoire. (5)
La vague de défrichement des Landes. (2) (5)
Longtemps l'agriculture demeura stationnaire, les seigneurs
du pays de Châteaubriant se mirent à défricher tardivement les vastes landes que la peste noire du XVIe siècle avait laissées après elle. (2)
On observe un petit nombre de défricheurs dans les dernières
années du XVIIIe siècle.
La raison en est dans l'état d'indivision où se trouvaient alors la plupart des landes (ambiguïté de la législation).
Vers 1818, nouveau mouvement vers les
terres vagues et renouvellement des contestations. Les difficultés ne prirent fin qu'en 1850, après la promulgation d'une loi de procédure qui régularisait complètement le partage des terres incultes.
En 1840 en Loire-Inférieure, 28% seulement des terres incultes étaient livrés à la culture.
Le plus fort du travail a été accompli de 1850 à 1889.
Les Landes, Pâtis, Bruyères et
Marais constituaient 132 000 ha en 1803, 96 265 ha en 1852 et seulement 38 735 ha en 1882. (5)
Obstacles et Causes des défrichements.
L'absence de drainage sur ces plateaux argileux du nord de la Loire-Atlantique et l'absence
de chemins praticables sont sans doute les causes majeures de la mise en valeur récente de certaines terres au XIXe siècle. (6)
Alors que dès le début du XIIe siècle, en Haut Poitou, on songeait partout
à défricher. L'augmentation de la population provoqua une augmentation des surfaces cultivées. Dans les pays de brandes les défrichements furent plus tardifs que dans les région boisées. Au XIIIe siècle le peuplement
des campagnes du Haut-Poitou était dense. (7)
Rieffel Statistiques du canton de Nozay 1865 (8)
Toutes les routes macadamisées du canton de Nozay datent de 1830.
Auparavant seuls existaient
des chemins de terre impraticables une grande partie de l'année.
La grande route de Nantes à Rennes, qui traverse la ville de Nozay, ne faisait pas exception, elle n'a été mise en état de bonne viabilité que
de 1832 à 1838.
Sur le canton de Nozay, plus de 8000 ha de landes sur un territoire de 28 000 ha ont été défrichées et convertis en terres arables et prairies (28,6% du territoire cantonal). (Landes : 9837 ha en 1811,
1730 ha en 1864)
Disparition des mauvais bois : 900 ha. Quasi doublement des Terres labourables : 8528 ha en 1811, 16 003 ha en 1864.
Les céréales s'étendaient sur 11 610
ha en 1864 avec 5877 ha de froment d'hiver. Changement radical par rapport à 40 ans auparavant (Extension des cultures, disparition du seigle au profit du froment).
Les terres incultes défrichées et une meilleure agriculture
ont donné plus d'aliments et plus d'aisance à la disposition des habitants, la population s'est accrue (Population du Canton en 1830 : 10 852, en 1861 : 15 312). (8)
Sources :
(1) Le Mené : Campagnes
angevines (vers 1350- vers 1530) (1)
(2) Goudé : Histoire de Châteaubriant (Baronnie, Ville, ...) 1870 (2)
(3) Buffé : Une cité dans l'histoire : Châteaubriant 1984 (3)
(4) Croix : La Bretagne
des XVIe et XVIIe siècle (4)
(5) Andouard : Les Progrès de l'agriculture dans la Loire-Inférieure depuis un siècle (1889) (5)
(6) Andouard (Rolland) : Région
de Châteaubriant, déclin ou essor (1976) (6)
(7) Sanfaçon : Défrichement ... haut Poitou ... Xe au XIIIe siècle (7)
(8) Rieffel : Statistiques du canton de Nozay 1865 (8)