Puceul : Seigneuries et Lieux nobles.
Par Yohann Gourdon
(Historien spécialiste de la région de Nozay)
Le territoire de Puceul est organisé en paroisse depuis au moins 1283, date de la première mention de Puceul, trouvée dans les anciens Pouillés de Bretagne.
Le bénéfice de la cure de Puceul, présentée par l’évêque de Nantes, représente alors une valeur de cent sous de rente, ce qui est l’un des plus petits bénéfices du nord de l’actuel
département, témoignant d’une population puceuloise sans doute modeste. La première mention de l’église paroissiale de
Puceul date de 1523.
Vers 1250, l’héritière
de Guillaume dit de Fresnay, Anastasie de Blain dite de Pontchâteau, épouse Hervé de Volvire, et porte dans cette famille de Volvire la châtellenie de Fresnay, avec ses territoires de Saffré et Puceul, et ce, jusqu’à
cette date de 1493. Nous connaissons certains des seigneurs de Fresnay par leurs aveux rendus au Duc de Bretagne, ou par les aveux reçus de leurs vassaux : Maurice de Volvire en 1406, Nicolas de Volvire en 1428, Jean de Volvire en 1429, Joachim
de Volvire en 1442, Jean de Volvire en 1455, Marguerite de Belleville en 1460 (peut-être fille ou petite-fille de Jean), Jean de Volvire en 1475 (fils de Marguerite).
En 1493, François Tournemine, seigneur de la châtellenie bannerette de Saffré (ne s’étendant qu’en Saffré), vassal de Jean de Volvire, profite du fait de sa grande richesse et du fait que la lignée
des Volvire est en train de s’éteindre (reprise par les Rohan), pour racheter une partie de la châtellenie de Fresnay : celle qui s’étend en Saffré et Puceul. Cette châtellenie de Fresnay étant supérieure
de la châtellenie de Saffré, il rachète aussi par là même la châtellenie de Saffré ne s’étendant qu’en Saffré. François Tournemine devient donc seigneur suzerain de toute l’étendue
de sa châtellenie de Saffré (qu’elle se trouve en Saffré, ou en Puceul), et ne doit donc plus rendre hommage à personne d’autre qu’au Duc de Bretagne, situation bien plus confortable et moins embarrassante pour
des seigneurs de l’envergure des Tournemine. Ainsi, à la veille de la Révolution, le couple Cottin-O’Riordan, seigneurs de Saffré, est propriétaire d’une châtellenie bannerette nommée Fresnay, s’étendant
en Saffré et Puceul, et d’une autre châtellenie bannerette nommée Saffré, ne s’étendant qu’en Saffré.
Si jusqu’à la Révolution Française la plus grande partie de la paroisse de Puceul relevait de la châtellenie de Fresnay, certains fiefs relevaient d’autres seigneurs, comme ceux de Nozay et Blain. Du fait de ces
suzerainetés, toutes les mesures de grain se font aux mesures de Fresnay, de Blain ou de Nozay. D’ailleurs, lors de l’enquête de réformation de la noblesse de 1444, on trouve parmi les exempts de taxes à Puceul, un sergent
de Nozay, un de Blain, un de Fresnay, tous chargés de collecter auprès des paroissiens les rentes en deniers ou en nature pour leurs seigneurs respectifs. Enfin, des teneurs de petits fiefs ou de petits héritages relèvent des
seigneuries de Toullan, Perret et Procé en Nozay.
. Les Puceulois, qu’ils soient roturiers ayant une terre en tenue ou en fermage, ou bien
qu’ils soient nobles et propriétaires de leur terre (ou pas), sont donc tous vassaux de ces différentes seigneuries.
Les lieux nobles ou privilégiés
Les enquêtes menées par l’administration ducale en 1424 et 1444 à Puceul, dites de réformation de la noblesse, destinées à
dénombrer les sujets exempts d’impôt et à réajuster la taxation de chaque paroisse, mentionnent les lieux nobles de Puceul et leurs propriétaires. Certains n’apparaissent à cette occasion qu’une seule
fois dans les textes, et sont difficiles à identifier pour l’instant. C’est le cas en 1424 de l’hôtel et métairie appartenant à Lespinet de Nantes,
ou un hôtel nommé le Herbert appartenant à Pierre de Monnoel. D’autres sont identifiables avec un indice de fiabilité plus important, comme en 1444 l’hôtel de Tresselais (la Treuxelaye vers 1700) où
vivent trois frères et leur mère ; et comme les deux hôtels appartenants à Guillaume Orieult au village de Nissac (aujourd’hui Bissac) et au village de la Bodiniere (la Bourdinière). D’autres
enfin existent toujours sous la même forme, tel l’hôtel du Pas-Robert, en 1424, propriété de Jean Blanchet, châtellain de Nozay, ou l’hôtel et domaine du Bohelair en 1444. Tous ces propriétaires ne sont
pas forcément nobles, mais peuvent exercer des charges qui leur confèrent des privilèges, comme Pierre de Monnoel, procureur de Saffré. D’autres comme Guillaume Orieult ou Jean Caillaud, se voient accorder en 1444 une franchise
de taxe pour leur hôtel en récompense d’une vie de service auprès de l’administration ducale. Sur Puceul, seuls les manoirs du Pas-Robert et le Herbert sont nobles, avec d’anciens propriétaires issus de vieille
noblesse.
Parmi les fiefs rencontrés dans les anciens aveux, certains sont aujourd’hui situés à la Chevallerais, commune démembrée
de l’ancien territoire de Puceul en 1949. Ce sont Bissac, le Pas-Robert, la Tressalais, le Domaine. Le Herbert, non identifié précisément, en faisait peut-être aussi partie. Un autre cas est aussi intéressant :
en 1397, les seigneurs de Nozay recoivent l’aveu de Guillaume Levoyer (ou Levaer), seigneur de Bocahen en Puceul. C’est l’unique mention de ce seigneur. On peut penser qu’il s’agit de Boucahan, aujourd’hui en Blain,
à 3km du bourg de la Chevallerais.